Des hommes m’ont aidé autrefois. J’y repense maintenant. Le processus d’initiation viril a pourtant été rompu, la lignée sacrée des héros a été dissous dans le réseau social et la famille biologique. Le goût de l’effort, l’éthique de l’exercice de la force, la nécessité de construire se sont perdus dans le mélange des genres. C’est là-dessus que je voudrais parler.

L’origine de la viande

La lignée biologique est le mélange entre des génomes, une sorte de logiciel si on veut, qui décrit comment fabriquer des protéines. Voilà tout. C’est la recette pour produire la viande et cela fait le désespoir des hommes. Les rois voulaient que leurs fils soient aussi fort et intelligents qu’eux, et Charlemagne engendre les rois fainéants. Fainéants … Fait Néant.. Qui ne font rien que manger et dormir. Les dynasties génétiques s’effondrent, les empires se tarissent. Le père voudrait voir en son fils un pareil et un ami. Un continuateur. Le cadre sup voudrait engendrer un entrepreneur puissant, il finira par acheter un diplôme de vendeur dans une école de commerce privée pour que son descendant croupisse dans quelque concession automobile, cherchant à draguer pour propager ses gènes. Il voulait une lignée, il aura un troupeau dont quelques bêtes auront encore ses yeux. Et vu du fils, s’il a de la valeur, comment voit-il ce père “couille molle” qui s’écrase devant sa femme et répare les chiottes? Ces langues de putes de gays américains appellent les hétéros des breeders… Des éleveurs. C’est méchant, mais ce n’est pas faux. Le fait, historiquement démontré, que les rois puissants et géniaux engendrent des nullasses incompétentes laisse quand même rêveur sur la permanence de l’idée même de filiation et d’héritage.

L’invention de la famille

La famille est finalement une invention récente. Sa version moderne présente une unité de lieu, le pavillon douillet, une unité de temps, le mariage, et une unité d’action, l’élevage des enfants. Ces trois unités correspondent, dans le théâtre classique, à la définition d’un drame. En effet, lorsque la famille ne tourne pas à la comédie, le drame est souvent présent et le terme “cellule familiale” traduit assez bien finalement l’enfermement qui prive l’homme de sa liberté d’action.

Autrefois, si les familles existaient, les hommes vivaient entre eux à l’extérieur. Compagnonnage, apprentissage, d’écuyers en novices, les hommes s’élevaient ensemble par l’entraînement et l’initiation. La famille moderne a cassé ce processus. Autour de moi, j’entends les cris de mes frères qui voudraient être libres et ne se l’autorisent pas.

L’industrialisation de l’éducation

Le siècle précédent a tout industrialisé. Industrialiser, c’est rendre efficace la production. Et c’est génial. Mais cela s’est passé aussi dans des domaines où cela n’avait pas lieu d’être. Autrefois, l’éducation c’était le précepteur ou rien. Un homme devant un élève ou quelques un. Aristote devant Alexandre. Sénèque pour Néron (oui ça marche pas toujours). Mettre un enseignant devant 300 étudiants dans un amphi, c’est industrialiser l’enseignement. Mais comme les produits chinois, globalement, ça fait la fonction mais cela ne dure pas et n’est pas de bonne qualité. Cela nie totalement ce qu’est le processus d’élévation pour le réduire à un processus d’élevage. L’élévation passe par le développement d’une confiance, d’une osmose, pour l’apprenti l’obtention de la reconnaissance du mentor qui est bien plus forte et durable qu’un diplôme photocopié, dont la seule sanctification vient des fonctionnaires de la république du moment.

Repenser le phylostat viril

C’est le moment de réfléchir, les gars, ceux qui ont 50 ans ou presque, à votre phylê, votre clan. Devez-vous subir celui qui est le fruit de recombinaisons génétiques aléatoires, auquel vous vous êtes attachés? Sans doute, inévitablement. Mais cela doit-il conduire à l’aveuglement quant à votre participation au processus d’initiation viril, que j’appelle le phylostat (oui, je sais, j’aime inventer des mots).

"Phylostat" (n.m.) : Un processus au sein d'une lignée ou d'un groupe qui sert de point d'ancrage inébranlable, garantissant la continuité et la préservation de l’éthique ancestrale. Dans un contexte culturel ou spirituel, un phylostat pourrait être la transmission, par un mentor ou phylarque, à travers le temps, de la force aux hommes de valeurs qui lui succèdent.

Cela veut dire penser à identifier votre apprenti, écuyer, compagnon, et l’aider à faire éclore sa puissance virile. C’est simple. Et ce n’est pas forcément avec vos enfants que ça se passe, et ce n’est pas dans tous les domaines. L’un de vous initiera au maniement des armes, ou bien à la fabrication des meubles, ou bien à la musique ou à autre chose qui doit se transmettre et de développer. Ce n’est pas du conservatisme, c’est le combat sacré de l’homme contre le chaos, l’entropie naturelle de l’Univers.

J’ai eu moi, des mentors. J’ai su, sans m’en rendre compte, intéresser des hommes formidables qui voulaient bien me montrer comment faire l’homme. S’il y a un pantheon, il doit bien y avoir un pananthrope (oups je l’ai encore fait).

Pourquoi c’est bon?

Alors oui, ce n’est pas de la philanthropie. Avoir un apprenti, cela coûte du temps, des sous, des soucis. C’est un investissement à perte si on se base uniquement sur sa propre vie. Cela ne peut se comprendre que dans le cadre du phylostat viril: un apprenti est initié par un mentor. L’apprenti doit dès le départ savoir qu’il devra payer sa dette, dans 30 ans, en devenant le mentor d’un apprenti. Le mentor paye sa dette à celui qui l’a autrefois élevé. Et oui, c’est bon de payer sa dette. Et au centuple en plus parce que ce qui fut donné fut des savoirs de grande valeur. Et c’est plus sain que la filiation biologique, obligation légale, des parents pour des enfants idiots, ou des enfants pour des vieux cons indignes.

En résumé

1. Critique de la masculinité moderne : La disparition des rites d'initiation virils et l'affaiblissement des valeurs associées à l'effort et à la force dans la société actuelle est une perte.
2. Désillusion sur la lignée génétique : La notion de filiation est remise en question, illustrée par la déception des rois dont les descendants ne répondent pas aux attentes, symbolisant l'effondrement des dynasties.
3. La famille comme construction récente : La famille moderne est comparée à un drame classique qui enferme et limite la liberté masculine, contrairement aux structures sociales passées basées sur le compagnonnage.
4. L'industrialisation de l'éducation : L'éducation personnalisée du passé est contrastée avec l'enseignement de masse actuel, jugé inefficace et déshumanisé.
5. Introduction du concept de "phylostat" : L'auteur propose le phylostat comme processus de transmission et de préservation des valeurs ancestrales au sein d'une lignée ou d'un groupe.
6. Appel au mentorat : Il encourage à identifier et à former des apprentis pour perpétuer les compétences et les valeurs viriles, indépendamment des liens biologiques.
7. Valorisation du rôle du mentor : Mentorer est un devoir et une satisfaction, une manière de rembourser la dette envers ses propres mentors en préparant les générations futures.